Entrevues

Au studio avec… Hanorah

Voici « Au studio », une nouvelle série d’entrevues qui vous emmène aux studios des artistes les plus en vue de Montréal. Nous commençons notre série avec Hanorah, une puissante chanteuse et musicienne soul qui a accueilli la légendaire Mavis Staples lors de son passage à POP Montréal l’an dernier. Hanorah nous a accueillis dans son atelier de peinture pour partager des réflexions, des croquis et parler du lien entre ses peintures et la musique.

Photos par Tess Roby

Quel moment de la journée t’inspire le plus?

Tôt le matin pour la musique. La peinture a lieu en après-midi et mes soirées sont réservées à l’écriture.

As-tu des rituels pour vous aider à traverser l’hiver?

L’hiver n’est pas ma saison préférée… Je vais me consacrer au visionnement d’une série télé des années 2000, dernièrement c’est Malcom, et je vais la jouer en boucle en arrière-plan et je tente de faire quelque chose de créatif pendant qu’elle joue, que ce soit de dessiner ou d’écrire quelque chose sur la guitare.

Parle-nous de la guitare que tu as apportée aujourd’hui.

J’aurais aimé avoir apporté une autre guitare! Son histoire n’est vraiment pas intéressante… Je l’ai achetée à un gars qui s’appelait John. C’est donc ainsi que je l’ai nommée! Toutes mes guitares ont des histoires. J’ai acheté un baryton l’année dernière et j’adore composer avec. lle j’aime vraiment écrire.

Dans quelle mesure crois-tu que tes deux médiums se rejoignent?

J’ai vécu une agression sexuelle lorsque j’étais au cégep. Cela occupait l’ensemble de mes pensées et je devais trouver un moyen de m’en débarrasser, alors j’ai beaucoup peint à l’école et écrit des poèmes dans un journal. Ces poèmes sont devenus mes premières chansons.

Y a-t-il des éléments de ta musique que l’on retrouve dans tes tableaux, ou vice-versa?

Dernièrement, au niveau de la peinture, je voulais infuser mes oeuvres de plus de joie tout en appréciant l’idée du corps. Je ne peignais pas beaucoup de corps avant, et maintenant que je le fais, je me demande si je l’idéalise, est-ce que je le déforme intentionnellement pour ne pas idéaliser la forme? J’ai développé un complexe concernant mon corps après mon agression, et comme je traite de problèmes de santé mentale dans mes paroles, je trouve que je travaille les mêmes enjeux dans ma peinture corporelle.

Pouvez-vous nous parler d’une de vos peintures préférées dans votre atelier?

J’ai cessé de peindre pendant quelques années, puis un soir, je suis rentrée d’un concert vers 1h du matin … J’avais ce grand cadre dans ma chambre et j’ai ressenti le besoin de peindre, alors j’ai pris le drap de mon lit et j’ai commencé à peindre. Cela ne s’est pas bien passé, mais cela m’a permis de faire cette peinture, la deuxième que j’ai faite après la toile géante.

Je n’avais jamais peint comme ça auparavant – le jaune brillant sur le corps, de nouvelles couleurs, un sujet que je peinturais pour la première fois. Je me sentais vraiment heureuse pendant que je la peignais. C’était probablement un véritable tournant artistique, ce fait de pouvoir peindre avec joie et non pas pour gérer ma dépression. Il y avait quelque chose de tendre dans le fait de me réapproprier un espace qui avait été si traumatisant pour moi. Maintenant, c’est un havre de paix où je suis en contrôle et où je me repose.